Concevoir et utiliser des dossiers de formation individualisée

Une collègue m'a demandé dans un mail privé des précisions sur la façon d'utiliser les dossiers d'autoformation. Voici la réponse que je lui ai envoyée :

Les dossiers d’autoformation sont très motivants pour les étudiants. Je pense que c’est parce qu’en respectant leur rythme et en les forçant à être actifs, ils permettent à quasiment tous les étudiants de comprendre le sujet traité. Ceux-ci sont ravis de s’apercevoir qu’ils comprennent, et apprennent avec plaisir. En plus, ces dossiers sont d’une efficacité redoutable car ils forcent les étudiants à s’investir véritablement dans la construction des connaissances. Un inconvénient toutefois : ils nécessitent un temps de préparation très important car la construction et la mise en page doivent être particulièrement soignées. De plus, je pense qu’à trop fortes doses ils lasseraient les étudiants.

J’ai choisi de les utiliser de préférence pour des sujets complexes : ceux où les différences entre les étudiants qui captent tout de suite et les plus lents sont les plus marquées. Par exemple l’amortissement dégressif  ou les écritures de paie. Parfois c’est juste parce que l’inspiration est venue ou parce qu’un collègue m’a envoyé un dossier (Olivier Davière au CFA de Pantin). N’hésitez pas à vous servir des dossiers que j’ai mis en ligne dans l’espace étudiants. C’est en travaillant sur les dossiers d’Olivier que je me suis lancée. Pour l’instant je ne dispose que d’un nombre limité de dossiers mais si nous sommes plusieurs à échanger, le fonds pourrait s’enrichir progressivement.

Je ne prévois pas de timing particulier pour les dossiers : ils arrivent en fonction de la progression des chapitres. En revanche, j’observe certaines règles lors du déroulement de la séance :
- j’explique le principe et le but de ces dossiers aux étudiants avant de les distribuer et j’insiste sur la nécessité de « jouer le jeu », c'est-à-dire de chercher véritablement les réponses avant de regarder la solution,
- j’autorise les échanges avec le voisin mais à condition que ce soit à voix basse et d’avoir préalablement cherché individuellement,
- je circule dans la salle pour m’assurer que tout se déroule correctement. Cela me permet de déceler d’éventuels points à améliorer dans les dossiers (même question qui revient systématiquement) mais j’ai le plus souvent l’impression d’être inutile car les étudiants travaillent véritablement en autonomie. En fait, tout le travail de l’enseignant est fourni en amont, lors de la création du dossier.

Enfin, je peux vous conseiller la lecture du livre d’Alain Rieunier « préparer un cours – applications pratiques» dans lequel j’ai puisé beaucoup de mes idées et qui consacre une cinquantaine de pages (très intéressantes et avec des exemples) aux modules de formation individualisés (c’est le nom savant des dossiers d’autoformation).

Les dossiers de formation individualisée sont des documents qui permettent aux élèves de travailler de façon autonome, chacun selon son rythme propre.

Ils sont ainsi particulièrement adaptés à des classes hétérogènes puisqu’ils respectent le rythme de chaque élève et permettent à l’enseignant de se consacrer plus particulièrement aux élèves qui en ont besoin.

Ces dossiers guident les apprenants dans la construction de leurs connaissances et requièrent leur participation active, gage d’un meilleur apprentissage.

Quand utiliser un dossier d’autoformation ?

Certains établissements, en particulier les CFA, utilisent largement les dossiers d’autoformation. En effet, ceux-ci permettent :

- de gérer des rythmes d’alternance cours-entreprise différents selon les étudiants (les étudiants se forment en autonomie pendant une partie des heures consacrées aux cours et le temps de rassemblement pour des cours en face à face peut ainsi être réduit) ;

- de mettre en place des organisations novatrices, telle l’évaluation par crédits.

Pour ma part, j’en fais une utilisation plus modeste et les utilisant comme moyen de varier les situations d’apprentissages (environ 1 cours sur 10 ou 15 en autoformation).

Je trouve que ces dossiers sont particulièrement adaptés aux sujets les plus complexes car c’est là où le respect du rythme d’apprentissage et l’activité de l’apprenant sont les plus nécessaires. Par exemple : amortissement dégressif, imputation rationnelle, analyse des écarts, etc …

Ils peuvent également servir de remédiation pour des étudiants qui n’ont pas acquis les connaissances souhaitées à l’issue d’un cours plus classique.

Comment créer un dossier d’autoformation ?

Dans la mesure où les étudiants passent une heure ou plus en tête à tête avec leur dossier, il convient de soigner tout particulièrement la présentation pour la rendre la plus agréable possible : texte aéré, images, schémas, photos, …

Il faut également tenir compte du fait que l’étudiant doit se débrouiller seul avec le dossier et bien mettre en évidence sa structure en explicitant les étapes de la construction des connaissances.

En ce qui concerne le contenu, il faut partir d’un objectif (par exemple être capable d’établir un plan d’amortissement dégressif) et le décomposer en plusieurs difficultés élémentaires qui formeront les étapes du dossier. Par exemple :

- déterminer le taux d’amortissement

- calculer une annuité en année pleine

- appliquer un prorata temporis

- calculer les dernières annuités

Il ne faut pas que le dossier soit trop long car il requiert un  effort d’attention important que l’étudiant ne peut pas soutenir plus d’une heure. Le cas échéant, mieux vaut fabriquer plusieurs dossiers à traiter successivement.

Pour chaque étape, il faut ensuite construire des situations d’apprentissage qui permettent à l’étudiant de construire lui-même ses connaissances en réfléchissant et/ou en observant. Les activités proposées doivent être aussi variées que possible et alterner les phases d’acquisition et d’application des connaissances. Chaque étape doit enfin être clôturée par une mini synthèse et par l’annonce de l’étape suivante.

Enfin, le dossier se termine par une autoévaluation qui permet de vérifier que l’objectif est atteint. Cette évaluation peut, par ailleurs, également être utilisée comme situation problème au début du dossier.

En résumé, voici la structure d’un dossier d’autoformation :

- introduction : objectif, prérequis, situation problème

- étape n°1 : micro objectif, situation d’apprentissage, application, synthèse,

- étapes suivantes : idem

- conclusion : autoévaluation

Sachez enfin qu’un dossier n’est jamais parfait du premier coup alors lancez vous, créez et testez votre premier dossier. Vous pourrez ensuite les améliorer au fur et à mesure en fonction des remarques et des questions des étudiants qui ont travaillé dessus.

Dossiers disponibles
Vous trouverez plusieurs dossiers d’autoformation en comptabilité et en contrôle de gestion dans l’espace étudiants. Vous pouvez les utiliser librement. Je vous demande juste en échange de m’envoyer un mail pour me dire comment vous les avez utilisés ainsi que vos remarques.

Une variante possible

Les étapes et les situations d'apprentissage définies dans un dossier d'autoformation peuvent assez aisément être découpées en supports d'une séance de travail en enseignement mutuel.